Miss Knife…chante Olivier Py
Théâtre du Châtelet – 12/11/2024
Rappel - Miss Knife est sortie de la cuisse d'Olivier Py en 1992 : elle n'était alors que la
Lanceuse de couteaux de sa pièce La Nuit au cirque, créée au
Théâtre du Peuple à Bussang. Amphitryon revisité mêlait aux dieux de l'Olympe
ceux de la foire. Olivier Py est devenu Miss Knife sans abandonner pour
autant la Femme-Serpent, la Clownesse, le Squelette de cotillon... comme
en témoigne le texte de ses chansons aussi tristes et radieuses, parodiques et
sentimentales que libres et désespérées.
En
1996, cracheur de feu prométhéen, Py a introduit Miss Knife et sa Parade dans
le sacro-saint Festival d'Avignon. Avant d'en faire sa
compagne de fortune ou d'infortune selon la direction des vents.
En
2000, Olivier Py donnait son récital à la prestigieuse Brooklyn Academy of
Music.
En
2002, c'est au théâtre du Rond-Point qu'il se produit. « Mine de rien, d'une chansonnette essentielle à la ritournelle
sauvagement inspirée, les petites et les grandes heures de l'orphéon vivent ici
un opus délicieusement sentimental », titrait alors le Monde. En 2005,
c’est en Avignon.
Py retrouve
sa "Miss Knife", pour les adieux au théâtre de l’Odéon, en mars 2012.
Il est homosexuel,
chrétien, et poète. Il ne s’en est jamais caché, au
contraire. Directeur de l’Odéon de 2007 à 2012, et metteur en scène (depuis
début 90), et artiste toujours. Il faut du talent pour chauffer la salle, et la
tenir du haut du grand plateau. Py est ému, il glisse : "C’est plus fatigant que de jouer
Pinter en imperméable", ce sera sa seule allusion à son successeur,
Luc Bondy, qui créera du Pinter en novembre 2012 (le Retour). Et puis,
amusé, il dit : "Je pars
quand je veux" lors des rappels et des ovations debout. Notons une
autre brève allusion quand il chante, « Dans les jardins de Pampelune », cette fois aux doux vergers
d’Avignon dont il est le directeur du Festival de 2013 à 2022, avant de prendre
la barre du Châtelet en 2023.
La nuit
- dans ce paradis de tristesse où les hommes se parlent pour se dire ce qu'ils
n'osent pas se dire le jour - (ce que je nomme : à la lumière crue et
offensante du jour) qui semble être le royaume de Py – dans son strass d'un
autre âge, sous ses plumes rouge et noir, Py égrène une sorte de litanie quasi
funèbre – exaltant tous les espoirs déçus, les amours détraqués, les rêves
piétinés, les jouissances mortifères, Py enjôle le public et le fait participer
à son sacrifice de music-hall. Car il s'agit d'entendre au cœur de la
nuit, les mélodies et les poèmes inquiets, troublants de l'auteur-chanteur.
Miss
Knife, sa créature de rêve, - comme le
Monstre était celle du Dr Frankenstein, par l’entremise de Mary Shelley, ou
encore le Golem, celle du Rabbin Loew, par l’entremise de Gustav Meyrink
- avec ses nuits d’amour et sa tristesse, ses plumes et ses rêves piétinés, ses
souvenirs des cafés du 5ème et son fabuleux Tango du suicide.
Py donne de la hanche, du battement de cil, montre sa culotte, revêt une peau
de gorille, joue la séduction, le sourire, un brin de dureté parfois, et tient
le rythme, accompagné de l’excellent pianiste Antoni Sykopoulos, et portant les
magnifiques costumes signés, Pierre-André Weitz
Il
n’est jamais vulgaire, mais un travesti haut de gamme, cru et mélancolique. Olivier
Py, comme une grande diva (une déesse aux grandes attitudes, cf
–Baudelaire) nous donne à voir un spectacle fort, unique et magistral.
20 ans après sa création, Miss Knife n'est pas
pacifiée. Elle chante sa désespérance avec l'humour tragique et salvateur
consubstantiel du fait de vivre. Ses chansons réalistes
disent la vie brève, l'espérance violente, les amours délétères, les enfants
perdus, les artistes perdants, les losers magnifiques (à la Fitzgerald) Elle
marche dans le sillon de Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, du jeune Mallarmé, et
surtout de Nerval le suicidé (El Desdichado). Les belles musiques - romances, tangos,
javas - sont comme le décor de lampes vives imaginé par Pierre-André Weitz avec
ses grandes gélatines colorées qui tombent comme des couperets.
Théâtre du Châtelet – du 7 au 12 novembre 2024.
Attention les yeux, attention les oreilles ! Perchée sur ses interminables
talons aiguilles, tout en rimmel, faux-cils, porte-jarretelles, plumes et
chapeau : voici Miss Knife. Icône froufroutante d’un music-hall à l’ancienne,
elle nous susurre des romances envoûtantes, douloureuses ou insolentes. Elle nous
enjôle avec ses histoires d’amours perdus, d’espoirs déçus, de rêves piétinés
et de jouissances troubles.
De sa voix souple et séductrice, elle nous fait entendre les
mélodies et poèmes inquiets qui peuplent ses nuits. Py, l'esthète, le dandy (un
Brummell, un Wilde du 21ème se moule dans la peau du ce personnage
inouï de travelo incandescent. Il en revêt tous les falbalas pour proposer un
cabaret détonant où la diva côtoie le clown triste. Chantant ses propres
textes, Olivier Py incarne avec une délectation visible et communicative cette
étrange chanteuse de cabaret. « Quand
vous avez perdu beaucoup de plumes dans vos combats, il vous reste une solution
: mettre ces plumes sur vos fesses ». "Pour
moi, Miss Knife est une créature de rêve, dans tous les sens du terme. Je
l’aime parce qu’elle représente tous les vécus de toutes les figures de femmes
que j’ai rencontrées, admirées ou imaginées ».
Entre la cravache de Marlène, les fêlures et la tendresse de
Barbara, l’esprit aiguisé de Juliette, le fantôme de Léo Ferré, la puissance de
Zarah Leander, le spleen aristocratique et suranné d'Ingrid Caven, Miss Knife nous
emmène dans un univers où il fait bon se perdre et où le décalage du
travestissement éclaire d’une lueur comique et délicieuse la noirceur des
textes.
Miss Knife fait une entrée tonitruante et magique, yeux tellement fardés et lourds de si longs cils qu'on
croit fugitivement qu'il porte de toutes petites lunettes noires, à sa première
entrée, sa plus profonde mélancolie...Cela, c'est pour le spectacle, les clins
d'œil, mais l'intérêt du récital, réside dans sa qualité musicale.
Olivier Py a toujours très bien chanté. Depuis sa première
représentation de Miss Knife, il a travaillé sa voix. Il est descendu dans les
graves sans perdre ses notes hautes. Mais l'émission est claire, puissante, le
timbre est magnifique, ample et large. C'est un chanteur aux moyens sûrs et remarquables.
(je ne lui connais qu'un équivalent – autre travesti flamboyant : Madame
Raymonde).
Ses nouvelles chansons sont mélancoliques, graves, espiègles, sentimentales.
Les premières sont consacrées au théâtre, à la vie dans les théâtres. Puis, on
sort en ville, on drague. Ou on fait comme si on avait dragué. On pense aux
jeunes morts, aux amis disparus. On cherche les paradis perdus.
On cite Nerval, "les soupirs de la
Sainte et les cris de la Fée", les anciennes romances que connaissait Daphné...Les
Chimères. Le sud éclaboussant, le soleil d'Italie,
la Méditerranée. Et les pendus à la lanterne. Café à l'eau, pauvre
Gérard... ; Le Tango du suicidé... Olivier Py n'a-t-il pas
écrit L'Apocalypse joyeuse (en 2000) ?
Les premières Balades de Miss Knife,
créées au cours des années, au fil des apparitions sur scène de ce bouleversant
personnage, ont déjà été réunies dans un disque, il y a dix ans. Le spectacle
de 2012 auquel j’ai assisté avec une configuration différente (plusieurs
musiciens) était déjà magistral. Ce nouveau spectacle est l’occasion de
découvrir un autre répertoire. La plupart des chansons de ce deuxième opus ont
été écrites pour le théâtre d’Olivier Py. La veine est moins psychologique et
plus métaphysique : Miss Knife interroge la condition humaine et la vie
d’artiste avec une profondeur moins cynique que son ancien et désopilant
mémento du suicide.
Mais l’ironie demeure, et
si cette gagneuse des « paradis de tristesse », chers à son
créateur, a l’esprit philosophique, elle ondule aussi d’une hanche
péripatéticienne : « von Kopf bis Fuss mit Liebe eingestellt »,
chantait Dietrich ! Miss Knife adopte une touche plus jazzy avec ce
nouveau tour de chant, pour lequel le fidèle Pierre-André Weitz a cousu des
fourreaux emplumés encore plus délirants que les précédents atours de cette
vénéneuse et flamboyante étoile, qui s’est choisi le théâtre pour ciel.
« Miss Knife est, en
quelque sorte, la comédie satirique de l’ensemble de mon œuvre. », disait Olivier Py, dans un entretien accordé à La
Terrasse en 2004. Elle ne se notabilise pas vraiment et demeure underground, mais
elle a quitté le cercle quasi amical dans lequel elle avait commencé. » Comme l’héautontimorouménos à l’ironie vorace des Fleurs du mal, à la
fois plaie et couteau, Miss Knife est une abandonnée, condamnée au rire
éternel, miroir et rivale de son créateur.
Un air de débine berlinoise sous le
paravent des faux cils : Miss Knife, icône froufroutante d’un music-hall
emperlousé et insolent, chante des rengaines désespérées et désespérantes,
drôles, ironiques et tendres, des romances douloureuses, nostalgiques où sont
abordés les thèmes de la soumission, de la domination, de l'humour, de la
dérision, dans un univers totalement "décalé".
On pense bien sûr à l'Opéra
de Qua't sous, au Cabaret de Bob Fosse, au cinéma de Fassbinder.
Mais on pense aussi à ces admirables vers d'O.V. de Lubicz-Milosz, comme un
étendard "knifien" :
Et les vieux mots des
poèmes, ces pauvres signes
Merveilleux de jadis, ces
lugubres dandys
Aux cheveux gris mal
teints, au sourire édenté ;
Tous ces stupides et
radoteurs désespoirs,
Silence, somnolence,
angoisse, solitude.
Lune, ces battements de
paupières de vierges
Où plus souvent de petite
catin malpropre
Que l'on comparait avec
joie, hélas, jadis,
"Au vol de sombres
papillons de nuits de Mai"
Puissance incantatoire
La voix d'Olivier Py est chaude et prenante - travaillée avec le même
professeur de chant que le baryton Laurent Naouri -, jamais caricaturale. Elle nasille parfois en
ouvrant les voyelles, prend des accentuations tragiques à la grande Barbara,
évoque l'émouvant vibrato et la puissance incantatoire de Léo Ferré. Olivier Py
en scène n'a que les stigmates irrévérencieux d'une chanteuse de music-hall.
Cet homme qui se vêt de bijoux et de plumes ne masque rien de sa masculinité
pileuse, fût-elle inscrite dans un string de strass rouge.
Il n'est jamais plus beau que la tête nue, cils charbonnés et lèvres
peintes, abandonné à la musique, le corps presque brutal sanglé dans un
fourreau ouvert sur des jambes gainées de rouge méphistophélique. Histoire
de dire sans doute que l'ange déchu a toujours le diable au
corps.
Alors miss Knife : juste un élégant divertissement….allons
plus loin!
"L'évènement ne signifie jamais en tant que tel. Son
instantané se reconstruit à travers 'un réseau de résonance et de
reconnaissance autant en aval qu'en amont d'une histoire individuelle ou
collective qui lui donne son sens. Tout un mécanisme de reconstruction le
définit et lui donne ou non une signification". Voilà la profession de foi théâtrale d'Olivier Py -
artiste engagé et protéiforme quant à ses modes d'expression, dans Les Balades
de Miss Knife, conçues dans une tradition des cabarets expressionnistes façon
Berlin années 30.
Mais ici la tradition est largement revisitée tant Olivier Py crée un
langage neuf et étrange pour percer ou préserver le mystère d'une réalité
trouble qui touche tant à l'amour qu'à la mort, bref à l'existence. Dans cet
opus l'auteur ne dit rien sur son existence mais d'une certaine manière on sait
tout d'elle, de sa lutte contre le néant, de cette recherche à travers le noir
de l'ivresse d'une sorte de suicide existentiel.
Avec cependant un important bémol sur ce point, puisque " le
suicide est aussi une vanité ", l'auteur préfère les chansons qui font
mal pour flécher l'existence au sein des festins nus, sorte de leçons pour "
les jeunes dévorés par l'envie ". Py crée ainsi un portrait de
l'homme-couteau par le biais de son personnage féminin, sorte d'Ange Bleu
du début d'un nouveau millénaire. Tout est parfait dans cette histoire en une
dizaine chansons teintées d'un humour qui arrache aux textes leur aspect
terrible pour les colorer d'une douceur dérisoire d'un " bleu souverain
".
" Embrassant la pluie et la poussière " mais " ensorcelé par la blonde lumière ",
Miss Kinfe part ainsi à la quête d'un amour impossible qui rapiècerait l'âme.
Elle se laisse emporter à la recherche des mirages. Se propage ainsi une sorte
de nécessité absolue : il en va à la fois de la vie et de la santé mentale, il
en va aussi de la mort et de la folie (et pour moi, c'est à coup sûr, une
grande parenté "baudelairienne").
On sent à chaque chanson combien les ballades de Miss Knife relèvent
d'une poétique rarissime qui butte jusqu'à l'impossibilité de l'achèvement.
Mais il ne s'agit pas pour autant à travers les fragments d'une suite de
déconvenues et d'une descente rectiligne aux enfers, sous le prétexte que les
évènements seraient des embûches à sa trajectoire existentielle.
Car ici face à la facticité et à la virtualité du réel s'élève la
vérité de la poésie, vérité que Py reprend et revisite. Le noir devient alors
une couleur pour une fête " où les morts ne sont pas admis "
(même si un doute persiste). Se prêter à la chanson c'est en conséquence faire
parler la poésie un langage qui ne lui appartient pas mais qu'elle doit se
réapproprier.
Olivier Py ne dira donc rien apparemment de l'événement de la vie.
Pourtant à travers l'expérience de Miss Knife qu'il incarne sur scène et loin
du pur psychologisme égotique, l'œuvre renvoie en écho et par le jeu des
mélodies à une sorte d'abîme que l'on n'avait peu connu jusque-là, si ce n’est
avec ce texte ultime et méconnu de Samuel Beckett, Cap au pire.
Luttant contre le retour massif de l'illusion impressionniste,
l'auteur tisse des jeux de doubles bandes dans lesquels se jouent une partie
étrange qui permet d'accéder à une autre logique : on touche à la région nue de
l'expérience intérieure qui devient propre à développer une autre langue et ce
jusque dans " Le Tango du suicide " (sommet de cet opus) dont
l'humour arrache à la mort ses pointes les plus tragiques.
Car pour l'auteur, à travers la vie de Miss Knife il ne s'agit plus de
"rapporter" un évènement majeur et tragique sur lequel tout l'œuvre
s'arrime mais de le décrypter, de le perforer, de le remplacer par une sorte de
vide, de constellation (au cœur de l'hallucination du noir) et de n'en garder -
en le faisant exploser - juste ce qui se cache derrière dans les éclats qui
demeurent juste après (ou juste avant) que l'explosion ait eu lieu.
Restent ainsi chez Olivier Py - par l'expérience d'une chanson qui
modifie la façon d'écouter - et par le mystère de la langue - les souffles des
plaisirs délétères et la clarté des gâchis, des passerelles de sons suspendus
reliant entre eux des abîmes insondables de silence soulignés par le jeu sobre
d'un seul piano.
Le poète jouxte au plus près l'énigme essentielle, l'énigme qui nous
habite. Seule la brisure des fragments-chansons rappelle ainsi à l'être la
fragilité de sa présence au monde : il casse la prétendue compacité de
l'évènement, il se dégage de sa viscosité d'apparence et d'appartenance, pour
laisser apparaître le monstre, l'hybride, le " martyr sous les roses
" voire l'"incompossible" dont parle la romancière Jeanne
Hyvrard.
L'œuvre représente ainsi des situations de paroles où les sons comme
perdus résonnent de hors lieux, dans la lumière et l'obscurité. Surgit aussi
une ultime littéralité soustractive faite de fragmentations, dispersions,
incisions, coupures, dissolutions, effacements, abolitions, vacances. Reste
cette perte mais une perte agissante où la voix de l'auteur-chanteur remonte en
un grand mouvement de retour vers le corps, le corps de l'être.
D'où ce versant étrange de l'imaginaire où se joue pour reprendre la
définition de Blanchot : " L'éloignement
au cœur de la chose ". D'où aussi cette sensation d'approche
(impossible) et cette sensation de demeurer en communauté étrange et "
inavouable ". Le " chant des amours mortes " creuse
donc l'évidence, fait remonter le monde enfoui le plus profond et sur lequel on
ne met habituellement pas de mots et encore moins de son capable de percer
l'obscur, le naufrage.
Pour autant Olivier Py à travers ses " cornes de brume qui
pleurent dans le noir " ne rêve pas du livre "avenir"
celui qui répondrait à la fois au "sommes-nous" d'Edmond
Jabès - (","Mais
qui est moins seul que le solitaire? Toutes les routes partent de lui et elles
ont pour étoile son cœur, mais d'une étoile à une étoile, il y a l'insondable
désir d'aimer") au "si je suis" de Beckett.
Mais loin d'une idéalisation influencée par la rêverie, la poésie fait
surgir " l'amertume du sel et celle de la mort " mais aussi
une paradoxale plénitude par laquelle perce un ultime espoir. A ce titre la
musique offre sans cesse un habile contrepoint au propos. Tout se joue ainsi à
l'intersection entre paroles et musiques : les unes fondent dans les autres non
par le remplissage mais dans le creusement de mémoire. S'ouvre ainsi une quête
qui retourne l'apparence, la détourne de sa pseudo réalité, de ses douces ou
cruelles certitudes acquises. Olivier Py trouble (à tous les sens du terme) la
vision et ne cherche pas par l'écriture de tendance "réparatrice".
Celle-ci, ici, ne sauve rien, mais contre la passivité de vie où en "
pauvres noyés " nous attendons - attente d'un malheur non pas à venir
mais déjà survenu et ne pouvant se présenter - l'auteur ne peut plus croire à
l'ange blanc, juste à l'ange bleu lourd de strass, d'amour et de vice en une "
maison sans fenêtre " ou " un jardin lapidaire "
plein de " bâtons de réglisse et de graines de curare ". Dans
l'abrasion, au milieu des chansons presque blanches ce qui arrive est noir. Dès
lors, là où l'histoire est décomposée puis recomposée se retrouve l'émergence
d'une intensité et d'un retentissement là où pourtant il n'y a " ni
paradis, ni purgatoire " quand tout lasse même le désir.
"Il faut pousser la volupté jusqu'à
la douleur, pour être sûr de l'avoir goûtée toute entière" (Paul
jean Toulet).
..."les
œuvres d'art sont d'une infinie solitude, seul l'amour peut les saisir, donnez
toujours raison à vos sentiments, à vous contre toutes les analyses. il faut
que vous laissiez chaque impression, chaque germe de sentiment, mûrir en vous,
dans l'obscur, dans l'inexprimable, dans l'inconscient, dans ces régions
fermées à l'inconscient - attendez l'heure de la naissance à une nouvelle
clarté...je l'apprends tous les jours au prix de souffrances que je bénis. (Rainer Maria Rilke – Lettres à un jeune poète).
Ce sont là deux pensées qui me viennent à
l'esprit pour résumer l'admirable travail d'Olivier Py – Chapeau l’artiste !
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